TE DIRE QUE LE MONDE EST BEAU

NOM & PRÉNOM : laskri couleur rouille, couchers de soleil en retard, le ventre qui gargouille. ces p’tits voyous voyez-vous, nous insultent en souriant, disent pas au-revoir ni merci (des bleus sur le visage). et em regardez-la, avec ses dents un peu d’travers et son rire trop heureux, qui s’dessine sur le crâne et s’passionne pour le complexe, l’inespéré (le sans espoir). DATE & LIEU DE NAISSANCE : un 2 janvier d’il y a quelque temps, orages mordorés, asphalte-iceberg. au-dessus d’elle deux-trois iris déjà las, fatigués. bientôt viendront les j’en peux plus, j’peux pas m’en occuper. ORIGINE & NATIONALITÉ : em elle sent l’orient, les dunes brûlantes et le pas d’ici. oui mais t’as beau dire, quand elle t’insulte tu comprends. elle est née dans l’immeuble d’à côté, n’a jamais rien connu d’autre que la france, ou juste la cité. pourtant c’est vrai que mamie parle mal paris. elle, elle a le kabyle joli (mais qui s’détruit). STATUT MATRIMONIAL : des sifflements provocateurs pour celles qui en valent pas la peine, des t’es bonne à la volée, des qui gênent ou qui blessent (elles se retournent jamais). et puis y a les princesses, celles qui ont droit à la poésie maladroite, aux regards qui durent trop longtemps et aux sourires cachés derrière les phalanges. em tendresse, em caresses et puis em s’en va (ou ne retient pas). ORIENTATION SEXUELLE : au début c’était de la provocation, un prétexte pour pas être comme tout le monde et si en plus ça rendait hystériques les nanas d’la cité, c’était parfait. mais voilà, em elle s’est éprise de leurs jolies mains, de leur démarche nuage et de leurs larmes de crocodile. alors un jour elle s’est dit tant pis de quoi t’as honte ils t’aiment déjà pas comme ça tu risques quoi. on s’en fout des bleus, du mépris, des insultes et du ciel gris. regardez comme elles sont belles, les filles de paris. ACTIVITÉ : à la maison une grande table en bois, une jolie nappe à pois et beaucoup d’boucan. pas d’place pour baudelaire, pythagore ou khalo. les gosses ils en ont rien à foutre, des chiffres et des mots. eux ils veulent s’battre et s’écraser, jouer au foot la nuit tombée et dans pas longtemps vendre d’la beuh et du shit, comme leurs frères font. mais emel elle les aime, les p’tits gosses de la cité, et elle continue à leur donner des cours particuliers, comme leurs mamans veulent. ADRESSE : nocturne la nuit et le jour aussi, chopin. COMPTE BANCAIRE : ça pourrait être pire, ils pourraient être à la rue, morts ou riches. CRÉDITS : balaclava.

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