- la main qui adoucit tes soeurs -

En fait connard, t’es censé faire quoi maintenant ? La lumière du jour, les portes fermées derrière toi et plus sur ta gueule. T’as retrouvé les fringues avec lesquelles tu t’es fait gauler, mais tu te demandes si ils ont été lavés putain tu chlingues a plein nez. Qu’est-ce que tu fais maintenant ? Tu rentres chez toi ? Mais putain t’en as plus, t’es à la rue à moins qu’tu reviennes chez la madré. T’y penses et ça te fait clairement chier de repartir à zéro. T’as plus rien, t’es seul et y’a que ta mère qui reste pour t’épauler. Elle ferait toute tu le sais, depuis que t’as poussé ton premier cris, depuis qu’ton petit frère est mort-né, elle a tout fait pour combattre ce con de karma et jamais tu l’as remercié. Et t’es toujours planté là sur ce trottoir à regarder dans le vide en espérant que quelqu’un te donne la réponse à tes questions. Une clope, t’as envie de fumer comme une terrible envie de joint. Une meuf dans la rue et tu réponds plus de rien, tu l’abordes comme si ta vie en dépendait et c’est le jackpot. Clope allumée, poumons enivrés par le carbone et tu réussis enfin à respirer. Tes doigts qui bougent frénétiquement, la démarche rapide malgré le malaise qui augmente en prenant le bus dans la direction de ton quartier. Casquette visée, regard baissé, t’as pas reçu la visite de ces batards, pas besoin de les croiser pour le moment.

Deux ans. Rien que deux ans en taule et t’es catalogué partout. Ça fait des semaines que t’avances entre motivation et traîne misère. Un cv de merde que t’as fais en dix minutes grâce à ta petite voisine. Rien qui marche, ton permis te sert à rien si t’as pas les moyens de t’acheter une caisse. Tout part en vrille quand t’essaies d’aller de l’avant, rien n’va dans ton sens et cette putain de haine qui joue avec tes nerfs. Tes murs sont marqués, ta gueule débraillée à cause des nuits d’insomnies. T’as rien touché depuis ton retour, ni shit, ni coke, rien depuis qu’tu sais que t’as plus le droit à l’erreur. Même en couple t’as pas réussi à changer, remonter la pente où même changé. T’as longtemps pensé qu’une femme serait ta chance de survie, à chercher quelqu’un en vain en faisant de la merde avec toutes celles qui te passaient entre les mains. Jamais fier, tu t’es résigné à chercher, loin de finalement voir autre chose que les contraintes qu’une meuf peut t’apporter. Alors tu ne penses qu’à te reconstruire, mais t’es duper dans cette jungle au casier vierge.

Il pleut sur paname et toi t’as jamais eu de parapluie.