NEPHTYS - sur les ailes du temps la tristesse s'envole.

elle m'a dit qu'un jour, l'étincelle ne brillera plus.
elle m'a dit que demain, les lumières n'éblouiront plus.
et lui, lui m'a dit qu'aujourd'hui, les étoiles ne surprendront plus.
elle m'a lâchée, elle est partie et elle n'a rien dit. je lui en veux ? non. elle ramenait chaque soir des hommes différents, nous battait et nous virait de notre logement lorsqu'elle ne voulait plus que du silence. on était là, tous face à face, à fuir l'incompréhensible, à faire surchauffer les feux de l'enfer à la surface de sa voiture et à poursuivre le chemin de la guerre qui s'achève. elle avait changé, elle n'était plus celle qu'on avait connu ni celle que l'on croyait pouvoir nous aider. cinq gosses, dans le même bateau, dans le même danger et dans la même bataille. ils venaient tous d'horizons différents, de l'autre bout de la planète jusqu'à celui d'en face. moi je venais de loin, je venais d'un paradis éphémère et d'une lueur blanche qui illumine les cauchemars. égypte malheureuse, égypte la belle, égypte l'enfer. j'ai fui, j'ai fui mon père et j'ai fui ma belle-mère, j'ai atterri ici, dans cette quête malchanceuse avec d'autres enfants comme moi. la peur nous défiait, la peur de l'abandon et celle de la mort. on n'a rien lâché. on est parti de ce pays, l'espagne, et on est parti en france. c'était fade, c'était calme et c'était sécurisé. on était différents, on ne venait pas d'ici et on n'avait rien à faire ici. on a appris à se comporter comme eux, comme les français d'ici. on a appris à s'intégrer, à aller à l'école et à poursuivre nos rêves sans relâche. après tout, moi j'étais déjà française avant l'arrivée, mais je le savais pas encore.  (...)