adam - positif ethylotest, j'en oublie la politesse

il avait du mal à se l’avouer. mais La Grâce de Dieu était comme sa seconde mère. Elle l’avait vu grandir, elle l’avait éduqué. Elle lui avait appris tout ses codes et l’avait condamné.

Quand Adam avait 7 ans, c’était le gamin qui voulait grandir trop vite. trop curieux, trop énergique. c’était l’premier de sa bande à avoir ramené une cigarette « venez on essaye. ». La mauvaise fréquentation, les autres mères se méfiaient de lui. «le nasri, reste pas avec lui.»
Mais dans l’fond, Adam c’était un gentil môme avec une bouille d’ange.
Et au final, maintenant, Adam c’est un galérien de plus dans le quartier.

Sa mère l’avait eu tôt.
Un cadeau de Dieu ou un cadeau empoisonné.
et c’était son père qui ramenait quelques euros à la maison.
il enchainait deux jobs, parfois trois.
ouvrier, vendeur au marché, il avait même essayé agent de sécurité dans la supérette du coin.

Adam au lycée, c’était l’branleur.
Plus souvent dans le hall de son immeuble sous des vapeurs de chanvre plutôt que sur les bancs de l’école. Le peu de fois où il y allait, il s’y faisait remarquer.
deux, trois conneries. des blagues sur les profs ou sur les élèves.
il sifflait des insultes à des mecs dans le couloir, s’embarquait dans des combats à la récréation. il s'prenait pour un caïd depuis qu'il faisait quelques tractions au parc.

Il a eu son bac.
personne n’avait misé sur lui.
Certains disent qu’il avait triché, d’autre qu’il a eu recours à de la sorcellerie ou autre connerie du genre. Adam était le premier étonné.

Et maintenant ? Et maintenant rien.
Adam c’est un putain d’flemmard, et au lieu de s’trouver un job ou une université, il traîne.
Il dit qu’il est bien entre ses immeubles et ses potes. ses fous-rire à quatre heure du matin, les barbecues sauvages en bande, les vols d'Oréo chez l’épicier du coin. Il dit qu’il s’débrouille avec ses magouilles à droite à gauche. Que de toute façon l’école ça sert à rien, que la France ne l’aime pas, qu'il est condamné.

20 ans sans plan de carrière, affronte la vie.
20 ans et il partage sa chambre avec son p’tit frère de 12 ans, ça l’fait chier.
Et ça l'fait chier aussi d'attendre qu’il dorme pour détailler sa plaquette.
Et ça l'fait chier aussi d'attendre qu'il dorme pour s'branler.

l'avenir, il n'y pense pas. il finira sûrement cloué entre quatre murs, ou dans un cercueil plus tôt que prévu. il le sait au fond de lui, il a fini par s'y faire.
il faut bien crever un jour.