yassine — y'a qu'à disney que les rats sont animés

(FAMILLE) à la maison, c'est pas toujours la joie. Entre ta mère passant ses journées à nettoyer le bordel des autres et à s'occuper de ton petite frère et de ta petite soeur, ton père qui ne revient que le soir après son boulot de gardien dans les divers monuments de la ville, l'argent ne coule pas à flots. Alors quand ils se sont rendus compte que t'allais pas faire de grosses études, mais que tu préfères traîner dans la rue, ils t'engueulent. Et toi tu réponds, comme un con, parfois en les blessant. Ils savent que t'es dans des trucs louches. Que parfois tu sens l'herbe. Que quand tu rentres au milieu de la nuit avec la gueule en sang, qu'ils voient parfois des marques sur ton corps basané, c'est que t'es pas juste allé coucher avec une femme. Mais ils se taisent. Parce qu'au fond, tu les aides parfois à payer la bouffe, ou le loyer. Ils ont honte. Mais la vie est dure ici, alors ils se taisent, pour mieux t'engueuler après.
(POINGS) tu ne te souviens même plus comment t'es tombé là-dedans. Juste qu'adolescent déjà, t'étais le type qu'on ne venait pas emmerder, parce que même si t'es maigre, même si t'as une gueule de gamin, tu sais frapper vite, et fort. Peut-être parce que tu faisais du judo. Ou de la boxe thaï ? Un truc dans le genre. Alors maintenant, parfois une fois par semaine, parfois plus, tu te retrouves dans une cave, un garage, un hangar. C'est pas indiqué par de grandes affiches ou des néons, on contrôle juste qui t'es à l'entrée. Et t'es lancé au milieu d'une foule qui s'écarte en cercle, face à un type comme toi. Aucune règle, à part celle de ne pas causer de blessures irréversibles. Et quand tu gagnes, tu repars avec un paquet de billets. Ainsi qu'avec quelques entailles, des bleus, des ecchymoses. T'es pas beau à voir, mais ça se soigne. Et à force, t'as appris à devenir un redoutable adversaire. Alors les gens, dans ton quartier, te respectent, ne te cherchent pas.
(HERBE) ça se fume à tous les coins de rue, par la plupart des jeunes du quartier. Alors en plus d'en avoir toujours planqué, tu n'hésite pas à en vendre un peu, histoire de rentre service à des potes. Et du coup ça te rapporte de la thune, vu que tu fais ça discrètement. T'en fumes aussi, parfois un peu trop, mais c'est comme une manière de te détendre, d'oublier la merde qui t'entoure, de t'évader l'espace d'un instant.
(SEXE) parce que pour toi comme pour beaucoup de gens dans ce quartier, c'est une autre manière de s'évader. Alors oui, t'as perdu ta virginité à quinze ans, avec une meuf dont tu ne connais même plus le nom, dont le visage a disparu de ta mémoire depuis qu'elle a déménagé. Et depuis, tu récidives. Souvent. Trop souvent. Mais t'as du charme, t'es exotique, un met rare. Et tu t'en fou, tu ne t'attaches pas. Enfin pas trop. Pour tes parents, retrouver quelqu'un dans ton lit le matin, c'est pas un truc rare, c'est presque normal. Ils ferment les yeux. Et toi tu kiffes ça.