toto - cri des loups

UNDER PRESSURE - QUEEN ☆  C’était drôle quand il y repense, la façon que sa mère avait d’être heureuse quand ils n’étaient pas encore 9 dans le 40m2. Elle chantait souvent sur cette chanson, les voisins frappaient les murs. Comme si quelqu’un pouvait faire taire Annie Staziak. Souvent elle criait « va te faire, vieille peau, j’vais niquer ton chat. » mais elle le faisait jamais. Les gamins rigolaient. Ils étaient assis sur le canapé à jouer avec des cartes toutes pliées parce que de toute façon ils en avaient pas d’autres. Il devait pas avoir plus de 10 ans le toto, ses sœurs elles étaient encore toute sage et innocente, elles aimaient bien aller acheter des bonbons avec Tobi la fourmi, comme elles aimaient l’appeler. Et puis quand il faisait chaud, ils s’asseyaient tous autour de la table, l’unique fenêtre de la cuisine grande ouverte, et ils attendaient le chef de famille, parfois ça criait, ça pleurait, ça claquait des portes, mais bordel c’était bien quand ils n’étaient pas encore 9 dans ce foutu 40m2.

Splash – Disiz la peste ☆ Putain c’que c’était dur le lycée. Ça s’tapait dans un coin de la cour, ça échangeait des photos de nana a poil contre du tabac puis ça se fâchait avec les adultes, très fort même. Au début il allait dans un super lycée, un peu plus loin, un truc cher parce que le directeur de l’établissement le trouvait intelligent, faut dire qu’il a cartonné au brevet le toto. Puis il s’est battu une fois, deux fois. Puis il a dû aller dans le lycée du coin. Il sortait plus de la cité, il était coincé là, tout ça parce que parfois il s’énerve un peu trop. Et puis de toute façon il avait rien a faire avec les gosses de riche. « Emile Zola ça pue la merde. » il dit toujours ça, comme si de toute façon on pouvait s’échapper de ces tours. Sa mère a crisé, genre il était pas foutu capable de s’intégrer, genre il passait ses après midis à teaser derrière le gymnase, et puis c’est pas comme si c’était lui qui avait mit le feu à un casier. Faut pas s’mentir, il aurait pu y arriver, il aurait pu sortir sa famille entière de la merde, mais se cacher et sécher c’est plus stylé que réussir non ? C’était la faute des gosses à la maison, toujours en train de chialer, il pouvait pas se concentrer qu’il disait.

Hey oh - Tragédie ☆ « Tu vas calmer ton sale gosse là sinon c’est moi qui lui en colle deux. » Le voisin du dessous traînait toto par l’oreille. Il gueulait parce que le beau, très beau, Tobiasz, avait osé inviter sa beurette de gamine à sortir. Son père était pas trop d’accord, alors toto l’a engrossé, direct comme ça, dans la cave humide, il l’a plus jamais rappelé. Alors quand le voisins du dessous et toute sa famille ont déménagé de la grâce de dieu pour aller vivre dans le nord, tout le monde à compris que c’était à cause du gamin insolent. Il rigolait bien Tobi au début. Puis les parents Staziak ont gueulé un soir, la fenêtre était fermé, il pleuvait. C’est trop dur d’être aussi nombreux, de faire dormir quatre gosses dans un lit double, deux sur le canapé et un dans le lit conjugal. Alors avec les économies ils avaient racheté l’appart du dessous et Tobiasz irait y habiter avec trois de ses sœurs. Il devrait les assumer en grande partie, trouver un boulot, leur faire faire leur devoir. Parce que le padre il se fait vieux, il trouve moins de boulot alors il faut bien que quelqu’un l’aide à nourrir tout le monde.

Beaulieu – Eddy de Pretto ☆ Il est grand maintenant toto, tout le monde le connaît à la grâce de dieu. Les gamines lui disent bonjour en pouffant, les gosses viennent lui serrer la main comme s’ils étaient grands. Dans les soirées, on aime bien le voir débarquer, ça assure au moins une bagarre. Dehors tout va bien, mais dedans, quand il ferme la porte de l’appart, ça crie, c’est dur de gérer trois nanas. Y a celle qui veut faire de grandes études, celle qui supporte pas le bordel et celle qu’est jamais là. Et au milieu Tobiasz écrase ses mégots dans un cendar déjà plein et il s’rappelle comme c’était quand sa mère chantait. Il est là, assit au milieu du bordel et il sait plus c’qu’il veut faire, la cité lui colle à la peau.