( amna ) l'avenir c'est court comme un joint

Feuille blanche.
Quelques mots écrits pour vite être raturés. Amna ne trouve pas l'inspiration. Assise devant sa feuille, Amna tente de puiser en elle pour coucher ne serait-ce qu'un couple sur cette foutue feuille blanche.
Le problème, c'est qu'aujourd'hui Amna est de bonne humeur. Il en faut réellement peu pour rendre la jeune femme comblée. Du soleil, deux/trois amis, une pinte de bière en terrasse, un paquet de clopes qui n'a pas tenu la journée. Et elle rentrait à l'appart tout sourire. Amna trouve la cité tellement ennuyante. Rien à faire, juste glander, attendre que le temps passe. Les journées se s'assemblent et se ressemblent. Alors quand elle a l'occass' de faire autre chose, elle est ravie.

Feuille blanche.
Comment se concentrer quand les mêmes chieurs gueulent en bas de l'immeuble ? Aboyer sans mordre, ils sont plus chiants que méchants. C'est surtout agaçant qu'ils pensent que le bas de l'immeuble, c'est leur appart. A entendre des gloussements de dinde, Amna comprend qu'il y a aussi des nanas avec eux. Ca ne l'étonne pas, elle-même traîne parfois en bas quand elle s'emmerde. Curieuse, l'esprit commère de sa mère ancré en elle, elle traîne ses claquettes jusqu'au balcon. Dixième étage oblige, elle plisse les yeux pour mieux voir. Sans grande surprise, elle voit son jumeau en train de faire le beau devant ses potes. Ca énerve Amna de le voir rien glander. Il bosse, ouai, mais elle sait qu'il pourrait faire mieux qu'agent d'espace vert quoi. A croire que seuls les joints et les nanas occupent sa cervelle. Saïd a énormément de potentiel, son seul problème c'est qu'il s'en branle de tout. Il a ouvert une chaîne youtube y'a pas longtemps, où il s'amuse à jouer à fifa et à faire le con avec son pote Ben.
Un vrai petit con ouai, mais Amna n'aime personne autant qu'elle aime son jumeau.

Feuille blanche.
De retour à la chambre, elle regarde autour d'elle. Pas de poster de célébrité à la con. Quelques photos des potes et de la famille, mais surtout des affiches de Malcolm X, d'Angela Davis, de Marx, d'Abramovic ou des tableaux imprimés de Klimt, Schiele, Kahlo. Amna possède une culture de malade. Elle boit les livres, l'histoire de l'art, les paroles de musique. Amna, elle a grandit à base d'IAM, NTM, Assassin, arsenik, ministère amer, la caution. Amna, elle a grandit devant les films de Kassovitz, de Godart, d'Annaud, d'Ozon, devant les courts métrages de Kourtrajmé.
Mais la queen de tout, celle qui inspire jour après jour Amna, celle qui lui a donné le goût de l'écriture. C'est Diam's.

Feuille blanche.
Il suffit à Amna de repenser à certaines choses pour que sa main s'active sur le papier. L'absence d'un père, les conditions de vie de sa famille, la dureté de sa mère pour montrer ses sentiments. Sa relation terminée il y a un an. Une relation marquée dans son esprit, marquée par les cicatrices sur son corps. " Il te faudra souffrir pour me plaire " alors Amna a souffert. Coeur brisé. Côtes brisées.

Feuille noire de mots.