droit dans la gueule du loup - costa

**Invité** Invité

ranger. dépoussiérer. balayer. nettoyer les excès de la veille des clients, les bouteilles vides qui trainent, les mégots écrasés au sol, les témoins de la danse de deux corps la nuit dernière. c'est le quotidien de joan, elle est la femme discrète qui passe une fois que le client est parti pour que tout soit prêt pour le suivant. mais elle ne dit rien, elle ne râle pas. ce n'est pas le boulot de sa vie, mais elle en a besoin pour survivre dans cette ville et le salaire n'est pas le pire vu le quartier. un coup d'aérosol pour laisser une odeur de neuf et la dernière chambre est terminée. fin de la journée. un passage éclair par les vestiaires du personnel pour se retirer la tenue de femme de chambre. le costume d'employé est laissée au placard, c'est au tour de joan d'être elle-même. joan la grande gueule qui peut se permettre d'envoyer chier les clients. joan l'inconsciente qui est prête à se jeter dans la gueule du loup sans frissonner. une voix connue l’interpelle quand elle sort de la pièce, celle du jeune propriétaire de l'hôtel, ce tatoué à l'air mafieux. elle écoute malgré elle par curiosité plutôt que par espionnage. elle se croit invisible à l'angle du mur, les cheveux encore fous à cause de la journée passée. ça parle de trafic, d'argent sale, d'arrangement avec un contact. c'est suffisant pour que joan affiche un léger sourire au coin de ses lèvres démaquillées. c'est même assez pour attendre que le contact parte et faire un pas en avant. juste un pour se dévoiler, faire mine de rien, comme si elle venait tout juste de sortir du vestiaire. « monsieur simeoni, qu'est-ce qui vous emmène ici ? » la voix est volontairement mielleuse, illusion d'innocence qui sera bien vite remarqué, elle n'en doute pas.

Tu t’es levé tot ce matin-là. A vrai dire tu n'as pas vraiment dormi, et t’ignores pourquoi. Tu’es resté presque trois heures errant dans ton loft, à arpenter les quatre coins. Tu’aurais pu l’appeler. Marilou. Tu’aurais pu lui demander de venir, tu’es sûr qu’elle aurait pris la peine de se lever au beau milieu de la nuit si tu lui avais demandé de le faire. Parce qu’elle est prête à tout. Parce qu’elle ferait tout si tu lui demandais. T’hésite un instant, t’hésite à composer le numéro sur ton téléphone et puis tu renonces. Tu quittes Montmartre au petit matin, tu t’enfiles un café noir et un croissant avant de quitter le quartier, de descendre un peu plus dans la ville, dans son cœur lancinant. Tout est encore calme, les boutiques fermées, les trottoirs vidés de leurs touristes aux appareils photos crépitants. On dirait presque qu’elle dort encore ta ville lumière, qu’elle se repose de ses journées trop ensoleillées, trop vivante, de son cœur qui bat trop vite parfois. Tu traverses les rues, accélère un peu, faisant résonner le moteur de ta moto dans tout le quartier. Un dernier coup de guidon et tu te gares dans l’arrière-cour de la galerie. Les odeurs de peinture et d’alcool a brûlez te pique le nez, elles remplissent tout le bâtiment, de la salle d’exposition jusqu’à ton bureau, coincé derrière la réserve. T’aime cet endroit, t’en est tombée amoureuse dès que tu la vue sur la petite annonce. T’y restent quelques heures, assez pour ne pas voir l'heure défilée, pour sentir ton téléphone vibrer sur le bureau. Tu’es en retard. Merde. Tu retraverse Paris à toute vitesse, Paris qui entre-temps s’est éveillé, levé, a étendu ses jambes ankylosées.

T’arrive à l’hôtel, un autre de tes biens, y range moto et équipement, monte dans les étages sans même prendre le temps de saluer l’hôtesse d’accueil. Ton rendez-vous t’attend. Il se passe comme prévu, tu mène la danse, tu imposes les idées que ton oncle a laissées. Il faut que ça se passe comme tu la décides toujours, et tu’es plutôt satisfait de toi, même si le rendez-vous n’est pas des plus simples. Tu sens la présence dans ton dos, la porte rester ouverte dans le couloir désert. Tu tourne la tête, assez pour la voir au coin du mur, « monsieur Simeoni, qu'est-ce qui vous emmène ici ? ». Elle a l’air mutin, la voix qui minaude, tu détestes ça .Tu te lèves, ferme la porte derrière toi d’un coup sec. « Je vous ai pas encore viré vous ? », tu connais même pas son nom, comment le pourrais-tu ? Tu saisis son poignet, l’attire un peu plus loin, à l’entrée du vestiaire. « Qu’est-ce que vous avez entendu ? », un signe de tête, tu te montres menaçant.

» Loup - The pretty lies, the ugly truth
» COSTA - SEIGNEUR SOYEZ PAS PUTE
» SEIGNEUR SOYEZ PAS PUTE (costa)
» j'me perds dans l'sky. (amy)
» LEV ▬ je suis une sale bête, une bouteille de gaz dans une cheminée.